Cette présentation n’a pas d’autre objectif que de fournir au lecteur et plus particulièrement à ceux engagés dans l’étude de la voie du sabre, les connaissances de base indispensables. Pour ceux qui veulent aller plus avant dans la connaissance, il y a de nombreux sites sur le Web, extrêmement complets et pertinents.
Pour avoir un aperçu des noms des parties du sabre voir : Nomenclature du sabre.
Le sabre japonais est le symbole du Samurai ou du Bushi. En fait, BUSHI est la lecture stricte des caractères qui peuvent se traduire par guerrier. Samourai est littéralement « celui qui sert ». Il s’agit donc d’une relation employeur/employé, d’un rapport de suzerain à vassal. A tel point qu’un samourai « sans maître » change de nom et devient un RONIN (litt. « homme de la vague »).
Tout samourai porte à la ceinture, sur le côté gauche, deux sabres, un grand et un plus petit.
- Le grand ou DAITO (litt. « grand sabre ») est un KATANA.
- Le plus petit ou SHOTO (litt. « petit sabre ») est un WAKIZASHI.
La paire des deux sabres s’appelle donc un DAISHO, abréviation de DAITO et SHOTO.
Le grand sabre doit faire plus de 2 shaku, c’est à dire plus de 60 cm, mesure prise entre la pointe et le munemachi, décrochement du dos du sabre qui sépare la lame (HA) d’un coté, la soie (NAKAGO) de l’autre.
Un petit sabre doit faire entre 1 et 2 shaku donc entre 30 et 60 cm.
Quant au poignard; le TANTO, sa lame doit être inférieure à un shaku, soit moins de 30cm.
Autre grand sabre, le TACHI. Antérieur au katana, le TACHI était traditionnellement un sabre long et plus courbé que le katana, que l’on portait suspendu au côté gauche par deux dragonnes, tranchant vers le bas, lorsqu’on était à cheval et en armure. De cette façon, il est beaucoup plus facile à utiliser que s’il était passé dans la ceinture, ce qui avec une armure n’est pas forcément évident à réaliser.
C’est à la suite de la transformation des combats (de moins en moins de combats entre cavaliers en armures) durant l’époque MUROMACHI, que naît l’UCHIGATANA (sabre saisissant), que l’on passe dans la ceinture, tranchant vers le haut, donc plus facile à porter et à dégainer. Mais un katana peut parfaitement être monté en TACHI, et vice-versa. Les premiers katana étaient très incurvés en haut de la lame, de façon à améliorer l’efficacité du tranchant.
Durant longtemps, seul le samourai était autorisé à porter des sabres. Durant la période EDO (shogunat des TOKUGAWA), la classe des marchands a obtenu le droit de posséder un sabre, mais pas le DAISHO, qui est resté l’apanage des samourais. Il faudra attendre 1876 pour qu’une nouvelle loi interdise le port du sabre, mettant fin aux derniers soubresauts de l’époque médiévale. Désormais seuls les militaires peuvent porter le sabre, ce qui explique que de nombreux guerriers se sont reconvertis dans l’armée.
Trois termes sont utilisés pour désigner le sabre : TO, TACHI, et KEN.
TO et TACHI sont deux façons de lire le même caractère japonais. Il peut se traduire par « sabre ». | |
En revanche KEN est un autre caractère et se traduit plutôt par « épée ». |
Comme rien n’est simple au Japon, on fait du KEN-JUTSU avec un sabre et on y pratique le KAMAE TO (en garde au sabre) et le NO TO (ranger le sabre). Lorsqu’il est en bois, le sabre devient un BOKKEN ou un BOKUTO.
En fonction de leur période de fabrication et donc des techniques de réalisation, le sabre japonais prend des noms distincts. Les dates sont nécessairement imprécises car un changement de style s’étale sur une période assez importante, selon les forgerons, les régions.
- Avant 1560 environ, c’est un KOTO (littéralement « sabre ancien »).
- Entre 1560 et 1760 environ, c’est un SHINTO (ce qui signifie « sabre nouveau », cela n’a rien à voir avec la religion Shinto ou « voie des dieux »).
- Entre 1760 et 1876, il s’agit d’un SHINSHINTO (c’est-à-dire : « nouveau nouveau sabre »).
- Entre 1876 et 1945, on le désigne sous le terme de GENDAITO (sabre moderne).
- Pour les sabres fabriqués en série pour les soldats au cours des guerres du 20e siècle, on utilise le terme de GUNTO (sabre de guerre).
- Enfin, s’il s’agit d’un sabre contemporain, on recourt au terme SHINKEN (nouvelle épée) ou SHINSAKUTO (sabre nouvellement fabriqué).
La plupart des sabres étaient signés (MEI) par le forgeron. Il y ajoutait parfois des caractéristiques du type : « a tranché trois corps attachés ensemble… » et des dates ou des localisations. En outre la lame pouvait être gravée par un Horishi, et porter un motif souvent ésotérique, un BONJI (caractère en sanscrit), ou un dragon, parfois enroulé autour d’un sabre.
Forger un sabre était un acte rituel, imposant purification et ascèse au maître forgeron. Il y eut de nombreuses écoles de forge au Japon. Les forgerons les plus connus sont MASAMUNE et MURAMASA.
Masamune vivait au début du XIVe siècle. L’histoire (ou la légende ?) raconte qu’il s’agissait d’un homme droit, intègre et bon et que ses lames, parfaites, apportait sérénité au porteur.
En revanche, Muramasa (XVIe siècle) qui possédait lui aussi une technique de forge parfaite, passe pour avoir été un homme violent. Aussi, son aura maléfique imprégnait-elle ses lames, qui causaient toujours de grands malheurs et faisaient couler des flots de sang.
On raconte que pour différencier ces lames parfaites, il suffisait de les planter dans le lit d’une rivière, fil dirigé vers l’amont. Les feuilles apportées par le courant étaient tranchées net par la lame de Muramasa, alors que très curieusement, elles évitaient celle de Masamune et poursuivaient leur chemin. Les vieux maîtres avaient coutume d’enseigner que tel devait être l’esprit du guerrier, qui impose la paix par sa seule présence, sans avoir à sortir le sabre.
Mais après tout, la signification réelle du caractère BU (que l’on trouve dans BUSHI mais aussi dans BUDO et donc dans AIKIBUDO) est bien d’arrêter la lance, et non de combattre.